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Le bois énergie, cette appellation relativement récente sous-entend génération de chaleur...et maîtrise des températures.
La complexité de la Chimie du Bois révèle la complexité de la composition de ce matériau issu du végétal vivant qu'est un arbre. D'où la complexité de ses composés minéraux et organiques (carbonés).
Mon expérience dans le domaine du bois énergie, sur le terrain, est très restreinte (voir plus bas : année 2004). Je rappelle dans mon curriculum vitae quelques points. En dehors de mes études à l'ESB (Ecole Supérieure du Bois) à Paris, j'ai passé sept années de ma vie professionnelle sur le matériau bois et repris des études sur le sujet après ma retraite professionnelle en 1983.
Je profite de cette opportunité pour saluer la mémoire de deux anciens directeurs du CTBA (Centre Technique du Bois et de l'Ameublement) à Paris, à l'époque que j'ai connue : Jean Collardet, et Jean Campredon. Ils étaient les héritiers directs des derniers pionniers de l'épopée du matériau "bois aviation". Epopée qui a été à l'origine des études scientifiques de ce matériau ô combien hétérogène dans son élaboration végétale, et par conséquent dans la difficulté à définir ses qualités physiques, chimiques, mécaniques...
La chimie du bois a fait les beaux jours de l'industrie chimique jusqu'au tout début du XXème siècle, pour être finalement remplacée par la chimie de la houille (carbochimie), puis du pétrole. Ce rappel un peu nostalgique de l'exploitation chimique des ressources en carbone ne doit pas faire oublier le revers de la médaille : comment faire pour ne pas polluer davantage la planète terre par nos rejets de micropolluants dans l'atmosphère?
Quand on étudie les dioxines (PCDD/F), on apprend que ces molécules sont liées à la combustion : ainsi un feu de bois produit des dioxines, et les feux de forêts, les émissions volcaniques sont des sources naturelles de dioxines bien connues.
Maintenant, il ne s'agit évidemment pas de remettre en question l'utilité du bois énergie, et son bilan environnemental positif : le bilan carbone du bois est nul (ce n'est pas le cas du charbon ni du pétrole), sa combustion rejettant du CO2 en même quantité que l’arbre en absorbe pendant sa croissance. Le bois est une énergie renouvelable (du moins tant que son prélèvement est inférieur à l’accroissement de la forêt). Mais il me semble important de ne pas se voiler la face en faisant de ses rejets polluants un sujet tabou : les écologistes ne doivent pas imiter ceux qu'ils critiquent pour leur manque de lucidité et de rigueur dans le domaine de la santé publique et de l'environnement (incinération des déchets, nanotechnologies potentiellement toxiques...). Nous ne serions plus crédibles.
Je pense qu'il faut donc parler ouvertement de la pollution liée à la combustion du bois, pollution qu'il s'agit simplement de limiter au maximum.
Cette affaire, pour laquelle j'ai été désigné comme médiateur, est née de l'inquiétude de la population environnante, située à l'intérieur de la zone de pollution maximale "par la dioxine" de l'incinérateur de Gilly-sur-Isère avant 2001. Cette inquiétude devant les fumées rejetées par l'usine d'agglomérés a été relayée par l'ACALP.
L'entreprise collecte des sciures (essentiellement du bois résineux à duramen non différentié, comme l'épicéa) comme matière première pour la fabrication, et aussi comme approvisionnement pour la chaudière à bois (de moins de 2MGW, donc non soumise à règlementation contraignante).
Prélèvements et analyses de fumées : Outre les analyses habituelles englobant des produits chimiques soumis à limitation de rejets à l'atmosphère (dont le CO, monoxyde de carbone), ont été ajoutés les PCDD/F (dioxines et furannes) et les HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques).
Toutes les analyses ont conclu à l'absence de rejets "anormaux", à l'exception du CO. Les conditions de bonne combustion ont été par la suite rétablies par l'entreprise.
Je souligne que l'entreprise - Savoie Pan - a pris à sa charge la totalité des coûts de prélèvements et d'analyses.
Lire l'article de Presse de l'hebdomadaire La Savoie sur Savoie Pan, du 23 avril 2004 (document PDF )
Je rappelle l'intitulé de l'annexe "Tentative de comparaison bois / déchets" (document PDF ) du rapport diffusé en 2007 "Un point de vue sur l'élimination des déchets ménagers par traitement thermique, déc.2006" PDF ).
Je parle de ce document dans la rubrique Le Traitement Thermique des Déchets
La première rédaction de ce rapport avait comme annexe (page 4) un intitulé "Evolution des émissions de dioxines en France, avec comparaison entre la combustion du bois et la combustion des déchets ménagers" (document PDF ).
Ces comparaisons d'émissions de dioxines entre combustion du bois (bois résidentiel) et incinération des déchets ménagers, ont été établies à partir de statistiques officielles en 1995 et 2001.
A mon sens, de telles comparaisons, en dehors de toute polémique, devraient être poursuivies jusqu'à maintenant, sinon bien plus loin. C'est à ce prix que seront levées toutes les équivoques encore entretenues à ce jour.
J'ai appris que la fédération France Nature Environnement (FNE), avait déposé une convention sur la forêt et le bois, en commun avec
Cette annonce, que je n'ai pas pu étudier, me semble à priori intéressante
Trop souvent, s'opposent les tenants de forêts naturelles, espaces sauvages indispensables à la biodiversité, aux promoteurs de forêts exclusivement gérées pour exploitation. Les deux sont nécessaires. Je suis persuadé qu'il est possible à la fois d'avoir une forêt française convenablement exploitée et des espaces laissés sauvages. Si l'on souhaite être respectueux de l'environnement aujourd'hui, il ne faut pas être hypocrite : il faut se donner les moyens de se chauffer au bois, de construire en bois (sans importer de loin des matériaux coûteux prenant la route), tout en protégeant la biodiversité en gardant suffisamment d'espaces naturels, sous le contrôle des biologistes.
FNE doit tenir un colloque sur ce sujet à Toulouse fin mars 2010. Nous en saurons plus.
Dans le domaine du bois aussi, les progrès s'accélèrent en matière de combustion, filtrage des particules émises... Les consommateurs sont de mieux en mieux informés de la mise en oeuvre à respecter, bois suffisamment sec, essences à privilégier, mode d'utilisation de leur appareil de chauffage, à ne pas surdimensionner pour le faire fonctionner toujours à pleine puissance...
Je continue à penser que la maîtrise du bois énergie passera par la maîtrise de la composition physico-chimique de ses rejets à l'atmosphère, donc à la définition de tous ses "micro-polluants" potentiels (je pense irrésistiblement aux métaux lourds). Ils appellent à des seuils d'autorisation de rejets, dont certains pourraient être précisés en picogrammes par m3 de fumées, voire plus bas encore.
L'ASDER (Association Savoyarde pour le Développement des Energies Renouvelables) s'est intéressé d'abord à l'énergie solaire, sous sa forme de panneaux photovoltaïques. En matière de bois énergie, elle a la réputation, au moins régionale, d'approfondir le créneau des équipements de chauffage au bois, et particulièrement des chaudières automatiques : ces chaudières, par nature, éliminent une bonne partie des pollutions dûes à la combustion du bois.
J'ai écrit à l'ASDER, cette lettre du 6 février 2008. Je n'ai pas eu de réponse.